Ouvrir sa propre table d’hôtes : le guide complet
Publié le 2 mai 2023
par Karine Mallet
7 min. de lecture
Publié par Karine Mallet
Mis à jour le 2 juin
7 min
La France est réputée partout dans le monde pour sa gastronomie. Découvrir des spécialités françaises est même l’une des activités préférées des touristes étrangers. Si vous êtes gourmet·te, vous avez certainement profité de voyages touristiques pour déguster de délicieux mets dans des gîtes ou chambres d'hôtes. Alors pourquoi ne pas ouvrir votre propre table d’hôtes ? Place au mode d'emploi !
1. Ouvrir une chambre d’hôtes ou un gîte
Prestation additionnelle à la chambre d’hôtes
Qui dit table d’hôtes, dit chambre d’hôtes ! L’un ne va pas sans l’autre. C’est la différence principale entre un restaurant et une table d’hôtes. Si vous souhaitez faire goûter vos plats à vos client·es, vous devrez donc ouvrir une chambre d’hôtes ou un gîte.
Mais ce n’est pas la seule spécificité de la table d’hôtes, voici les règles à suivre :
un menu unique doit être proposé (les client·es ne peuvent pas choisir leur entrée, leur plat de résistance ou leur dessert) ;
le repas doit être pris à la table familiale (et non pas sur des tables séparées dressées comme dans un restaurant) ;
le nombre de convives autour de la table ne doit pas être supérieur à 15.
Nous y reviendrons en détail à l’étape n°2.
Charge de travail & coûts à prévoir
L’ouverture d’une chambre d’hôte représente un réel investissement et une masse de travail importante.
Si vous décidez de proposer des repas au sein de votre chambre d’hôtes, il est indispensable de mesurer les contraintes et les coûts associés.
Nous pensons notamment :
aux contraintes réglementaires liées à l’alimentation ;
au coût des denrées nécessaires à la préparation des repas ;
au coût lié à l’achat d’équipements de cuisine ;
au temps passé à la préparation, au service et au rangement ;
au partage des repas avec des personnes étrangères.
Si vous ouvrez votre table d’hôtes en même temps que la partie hébergement, il faut bien cibler ces coûts pour les intégrer à votre prévisionnel financier.
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2. Connaître les spécificités de la table d’hôtes
Des repas réservés aux personnes hébergées
Les repas servis sont destinés aux personnes qui occupent les chambres. Il n’est donc pas possible d’inviter une personne extérieure à la table.
Autre spécificité : votre famille et vous-même devez partager le repas avec les vacanciers et vacancières. Cette condition a pour but de protéger le concept de table d’hôtes et de faire la différence avec la restauration.
Le repas doit être servi à la table familiale
Pour assurer la convivialité de ce type de lieux, tous les convives doivent manger à la même table. Le principe est de manger tous ensemble, comme dans un grand repas de famille et de créer un lien.
Il n’est donc pas possible de mettre en place plusieurs tables isolées, même à la demande de la clientèle.
Un menu unique avec des produits du terroir
C’est l’une des caractéristiques principales de la table d’hôtes.
En tant qu’hébergeur, vous devez proposer un menu unique. Aucune possibilité de choix des entrées, plats ou desserts n’est laissée aux client·es.
Ce point est important pour cibler votre clientèle au moment de votre étude de marché. Si vous proposez des plats de viande et de poisson, vous savez que vous ne pourrez pas accueillir de clientèle végane. Elle devra se rendre dans un restaurant vegan à proximité et cela vous fera perdre de l'argent.
Une autre spécificité de la table d’hôte est de préparer les repas avec des produits du terroir. Cela n’est pas obligatoire, mais vivement conseillé. L’objectif étant de faire découvrir les plats typiques de la région et de favoriser le circuit court.
Ces produits peuvent venir d’exploitations agricoles situées à proximité. Un excellent moyen de privilégier les filières courtes pour une meilleure qualité.
Une place à table par lit
La capacité d’accueil à la table ne doit pas dépasser celle de l’hébergement.
Autrement dit, sur le plan réglementaire, le nombre de places proposées à table doit être équivalent au nombre de lits proposés dans le lieu d’accueil.
La réglementation sur les chambres d’hôtes limite le nombre de chambres à 5 pour 15 client·es en même temps. Il ne peut donc y avoir plus de 15 personnes à une table d’hôtes.
Ce nombre est déterminé lors de votre demande d'ouverture de chambre d’hôtes en mairie.
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Le non-respect de l’une des conditions énoncées entraîne le changement de statut pour passer en restaurant traditionnel.
3. Créer la structure juridique de la table d’hôtes
Immatriculation de l’activité
Toute personne qui souhaite ouvrir une table d’hôtes doit s'inscrire et déclarer son activité au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS). Lorsque l'activité d'hôtes est exercée à titre habituel, elle constitue une activité commerciale.
La demande d'immatriculation doit être effectuée sur le guichet unique des formalités des entreprises.
Lorsque l’activité est exercée à titre occasionnel, cette immatriculation n’est pas exigée.
La réglementation relative à l’alcool
Qui dit repas français, dit souvent alcool.
Il faut donc connaître et respecter la réglementation relative aux débits de boissons.
Pour pouvoir offrir des boissons alcoolisées à vos client·es, vous devez détenir une licence de boissons. La demande se fait à la recette locale des impôts.
En fonction de vos choix, vous pouvez demander :
La petite licence restaurant
Elle permet de servir les boissons sans alcool et les boissons fermentées non distillées (vin, champagne, cidre, poiré, bière, crème de cassis, hydromel, etc.). Ces boissons de catégorie 3 sont à proposer sur place lors des repas en commun et sont accessoires aux repas.
La licence restaurant
Elle permet de servir aux convives toutes les boissons dont la consommation est autorisée sur le territoire français. Vous pouvez donc leur proposer des alcools de catégorie 4 comme les boissons distillées (rhum, vodka…). Ces boissons sont également consommées sur place lors des repas.
Les règles d’hygiène et de sécurité
En ouvrant une table d’hôtes, vous exercez une activité équivalente à la restauration.
L’affichage des normes d'hygiène liées à cette activité est donc obligatoire.
En plus de respecter la réglementation, vous rassurez vos client·es quant à la qualité des produits servis et la façon dont sont confectionnés les repas.
Vous pouvez suivre une formation HACCP pour certifier votre engagement dans la qualité de votre service. Votre certificat est alors affiché, bien visible par votre clientèle.
En cas de problème avec un·e client·e (intoxication alimentaire, allergène non signalé, etc.) vous courrez le risque de sanctions, voire d'une fermeture administrative.
Pour connaître tous les risques, vous pouvez contacter la Direction départementale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DDCCRF).
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L’HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point) est une méthode de gestion de la sécurité sanitaire des aliments basée sur l’analyse des dangers et la maîtrise des points critiques (CCP). Elle assure la prévention et la maîtrise des dangers identifiés à la source.
Les règles d’affichage
L'affichage concerne plusieurs points :
La possession d’une licence d’alcool
Si vous possédez une licence vous permettant de servir des alcools, vous devez l’afficher.
Avant de réserver, les client·es sauront qu’il est possible de consommer de l’alcool au sein de votre établissement touristique.
Cette information est importante pour les visiteurs qui viennent déguster les vins issus des vignobles locaux.
L’origine des produits alimentaires et le menu
ll est également obligatoire d'afficher l'origine des produits :
viandes ou poissons locaux ;
fruits provenant d'une exploitation agricole à proximité ;
ou encore légumes du potager.
Vos client·es viennent chez vous pour s'immerger dans une culture locale et un terroir. En tant qu'hôte·sse, vous devez leur proposer un repas de qualité qui leur fait découvrir votre région. Le menu unique du jour devra aussi être affiché de manière lisible, ainsi que la signalisation des allergènes potentiels.
Les tarifs
La réglementation en vigueur est la même que pour les chambres d'hôtes. Les prix de la table d'hôtes doivent être clairement affichés à l'intérieur et à l'extérieur des lieux.
Pour toute prestation supérieure à 15,24 €, un double de la note doit être remis au client ou à la cliente. Vous devez conserver votre propre exemplaire pendant 2 ans.
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4. Faire connaître sa table d’hôtes
Pour que des client·es puissent découvrir vos talents de cuisinier·e, ils doivent avoir connaissance de l'existence de votre table d’hôtes.
Pour cela, nous vous conseillons de parler de votre établissement autour de vous et :
d’utiliser les réseaux sociaux pour promouvoir votre table d’hôtes ;
de créer une fiche établissement Google pour recueillir des avis clients positifs ;
de référencer votre établissement dans des annuaires de chambre d’hôtes (en précisant que vous faites aussi table d'hôtes) ;
de vous rapprocher de l’office de tourisme de votre ville pour leur parler de votre récente installation ;
de laisser des flyers à l’office de tourisme de votre ville ;
de diffuser l’information dans des journaux locaux ;
de demander aux producteur·ices locaux de parler de votre table d’hôtes à leurs client·es, etc.
Ouvrir une table d’hôtes : le récap’
Voici un résumé des points à noter avant d’ouvrir une table d’hôtes :
une table d’hôtes ne peut pas être ouverte séparément d’une chambre d’hôtes ou d’un gîte ;
vous devrez détenir une licence pour proposer de l’alcool à vos convives ;
les places à table sont limitées ;
vous devrez partager le repas avec vos invités ;
les prix et les menus (avec allergènes) devront être affichés clairement à l’extérieur et à l'intérieur de la table d’hôtes ;
un menu unique par jour devra être proposé aux client·es.
Pour pousser le bouchon un peu plus loin, nous vous conseillons notre guide complet pour créer son entreprise.
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