Comment calculer l'empreinte carbone d'un stand sur un salon ? Exemple de Shine
Publié le 3 septembre 2023
par Alice Gaulier
7 min. de lecture
Publié par Alice Gaulier
Mis à jour le 1 septembre 2023
7 min
Chez Shine, nous mesurons notre empreinte carbone depuis quatre ans. Nous en partageons les résultats et nos apprentissages, pour contribuer à la réflexion environnementale et pourquoi pas inspirer d'autres acteurs. Nous sommes engagés à réduire notre empreinte et avons déjà mis en place de nombreuses mesures significatives : privilégier systématiquement le train, instaurer l'habitude de repas végétariens lorsque c'est l'entreprise qui paie, permettre le télétravail…
Nous restons une entreprise en croissance, et nous avons donc un enjeu de continuer à croître tout en maîtrisant notre empreinte. Certains secteurs d'émissions qui n'étaient pas significatifs il y a quatre ans prennent désormais de l'ampleur, et il devient nécessaire d'arriver à les mesurer et les limiter.
Dans cet article, nous nous pencherons sur un poste d'émission en particulier : nos participations en tant qu'exposant à des salons.
Construire un compte pro responsable, pour contribuer à un monde durable.
Comment mesurer l'empreinte carbone de nos stands sur des salons ?
Pour gagner en visibilité auprès de prospects, clients, potentiels partenaires et prestataires, nous participons de plus en plus fréquemment à des salons. Nous avons donc fait l’exercice de mesurer le plus précisément possible l’empreinte carbone d’un stand, pour se rendre compte de combien cela pèse dans notre bilan, et identifier nos leviers d’actions pour en limiter l’impact.
1- Recenser de façon exhaustive les différents postes d'émission
C'est la première étape de toute mesure carbone, qui permet de comprendre précisément ce qu'on va devoir mesurer. Pour ce projet pilote, nous avons considéré les émissions de notre participation au salon GoEntrepreneur en avril 2023. Voici les principaux postes que nous avons identifiés :
Conception & fabrication du stand en amont (nombre de jour hommes consacrés par nos prestataires) ;
Communication en amont, goodies éventuels ;
Installation du stand ;
Venue des participants au salon ;
Déplacement des équipes de Shine ;
Repas consommés sur place ;
Durée du salon ;
Nuitées en hôtel ;
Énergie consommée lors de l'évènement ;
Démantèlement et fin de vie du stand.
Pour recueillir les données chiffrées associées à chacun de ces éléments, nous avons sollicité diverses sources. En interne pour les données sur les équipes Shine, auprès de notre prestataire ayant conçu notre stand, et enfin auprès de l'organisateur de l'évènement pour les données sur la fréquentation et provenance des visiteurs et les données sur l'énergie consommée.
2- Les hypothèses retenues pour la consommation énergétique et le transport des participants
Si nous avons pu rassembler de nombreuses informations détaillées (par exemple pour la fabrication du stand), certaines hypothèses restent néanmoins à poser car les données exactes ne sont pas disponibles.
Pour la consommation d'énergie (chauffage ou climatisation et éclairage), nous avons choisi de faire un ratio par rapport à la surface de notre stand sur la surface totale du salon.
L'hypothèse la plus importante concerne le transport : quelle part devons-nous nous imputer de la venue des participants au salon ? Ils ne viennent pas que pour notre stand (pas encore !) et ne viennent pas que sur notre stand, et pourtant il faut bien intégrer cette donnée. Nous avons eu un retour précieux de l'organisateur du salon, qui avait réalisé une enquête pour connaître la répartition des différents modes de transports utilisés : majoritairement en transport en commun car l'évènement était à Paris, certain en voiture, une minorité en avion. De notre côté, nous avons estimé le nombre de personne s'étant arrêté à notre stand à 1 500 personnes.
En recoupant ces deux données, nous avons pu faire une estimation chiffrée de ce poste.
3- Le calcul : 3,2tCO2 pour exposer à Go Entrepreneurs
Une fois ces données récoltées et retraitées, nous avons pu passer à la phase de calcul. Nous avons utilisé un outil dédié dans lequel nous avons rentré toutes les données dans le calculateur, données pouvant être très précises : types de matériaux utilisés (bois, médium, mélaminé, contreplaqué…), la quantité, réutilisation ou non des matériaux après l’évènement, etc.
La plateforme nous a ensuite fourni l'estimation, à partir de leurs propres facteurs d'émission.
Ainsi, nous avons pu estimer notre participation au salon GoEntrepreneur à 3,2 tCO2e, avec la répartition que vous trouverez ci-dessous.
Cela a donc confirmé notre intuition : si on continue à faire de plus en plus de salons, il est important de les mesurer au mieux afin d’en avoir un bonne estimation dans notre bilan carbone.
Les pistes pour réduire l'empreinte carbone de nos stands
Préciser notre mesure
Nous souhaitons tout d'abord pouvoir affiner notre calcul. La plus grosse hypothèse retenue a été le nombre de participants étant venus sur notre stand. Lors du prochain salon, un comptage maison sera réalisé, nous permettant d'avoir une mesure plus réaliste. Idéalement, il faudrait aussi demander aux participants leur provenance et leur moyen de transport utilisé.
Réduire notre empreinte carbone : quelles solutions ?
La moitié de l’empreinte correspond au transport des participants. Nous n’avons pas directement la main dessus, mais quelques pistes sont néanmoins envisageables : nous y revenons plus bas dans l’article.
Le deuxième poste, matériel et aménagement, est directement lié à nos choix. Nous travaillons déjà de très près avec le concepteur de notre stand pour limiter l'impact en amont en choisissant avec soin les matériaux et en recourant à la location si possible (chaises, télévision, plantes…). Après le salon, le stand est démantelé et les matériaux réutilisés. Nous faisons pour cela appel à l'entreprise Muto : ils viennent sur place récupérer ce qui peut l'être et le redonnent à des acteurs locaux de l'Economie Sociale et Solidaire.
Ne pourrait-on pas conserver les éléments d'un salon à l'autre ? Contrairement à ce que nous pensions, ce n’est pas forcément le mieux car cela implique des émissions additionnelles : émissions liées à la logistique, au stockage, au transport (les salons pouvant être aux quatre coins de la France), à la réadaptation du stand (les tailles ne sont pas standards et identiques à chaque salon). Le réemploi immédiat local est donc parfois plus intéressant !
Enfin, les autres postes sont assez mineurs mais nous poursuivons nos efforts : repas végétarien, transport en train pour le staff, etc.
La piste de réduction la plus drastique serait évidemment… de ne pas participer à des salons. Dans une perspective de croissance d'entreprise, cette option n'est pas du tout réaliste. Et risque de nous faire perdre des clients au profit d'autres acteurs moins… scrupuleux !
Découvrez notre vision & nos engagements.
Les apprentissages et plans d'action pour la suite
Premier apprentissage : nos mesures déjà en place ont un impact
Chez Shine, les salariés ont bien conscience des enjeux climatiques, qui sont intégrés systématiquement lors de lancement de nouveaux projets.
Nous avons donc travaillé main dans la main avec nos prestataires (concepteurs du stand notamment) pour étudier les différentes options, choisir les matériaux qui sont les plus sobres, limiter le transport, etc. Nous pouvons certainement faire mieux (par exemple, en bannissant l'usage de la moquette sur nos stands, qui se recycle très mal), tout en gardant à l'esprit que les résultats de ces petites améliorations seront très à la marge.
Deuxième apprentissage : notre poste d'émission le plus lourd… ne dépend pas de nous
Plusieurs postes d'émissions ne sont pas de notre ressort, et en premier lieu celui qui correspond quand même à la moitié de notre empreinte : la façon dont les participants sont venus sur le salon. Et cela peut peser très lourd ! L'évènement mesuré dans cet article se situait à Paris, avec beaucoup de participants franciliens. Nous participerons à d’autres évènements ailleurs en France, ce qui pourrait fortement augmenter l’empreinte de ce poste.
Lors de mesures d’empreinte, le constat est souvent le même : ce qui pèse le plus lourd dans le bilan ne dépend pas directement de nous.
Mais ce constat ne nous fait pas baisser les bras, au contraire ! Bien que notre marge de manœuvre soit limitée, nous pouvons agir, notamment en dialoguant avec les organisateurs et d’autres exposants pour s’assurer que cette dimension est prise en compte. Cahier des charges exigeant pour les exposants, lieu le plus propre possible, mais aussi communication massive auprès des participants pour les inciter à se déplacer en train et transport en commun (et accessoirement, choisir un lieu qui permette ce type de déplacement).
Plus nous sommes nombreux à exiger de telles mesures, plus cela sera pris au sérieux !